Double discours sur la justice sénégalaise : quand les procédures judiciaires changent selon l’appartenance politique

Double discours sur la justice sénégalaise : quand les procédures judiciaires changent selon l’appartenance politique

Bienvenue au tribunal des deux poids, deux mesures, où la balance de la justice penche si fort du côté du pouvoir qu’on se demande si elle n’a pas été achetée sur Aliexpress avec un bon de réduction présidentiel.

Le “Code Pénal” version “copain-copain”

Dans la jungle judiciaire sénégalaise, le sort d’un citoyen dépend moins de son casier judiciaire que de son carnet d’adresses. Si vous êtes membre de l’opposition, un chroniqueur ou encore un simple activiste ou lanceur d’alerte, gare à vous : un tweet ou une parole de travers, une conférence de presse enfiévrée, et vous voilà poursuivi pour “atteinte à la sûreté de l’État”, “trouble à l’ordre public” ou, pour les plus originaux, “diffusion de fausses nouvelles”. Cerise sur le baobab, le Sénégal va jusqu’à reconnaître une loi fantôme : l’“offense au Premier ministre”, un délit cousu main par les petits doigts fébriles du nouveau régime, sorti tout droit d’un code pénal version conte de fée autoritaire

En revanche, si vous avez le bon sésame politique – comprendre : si vous adulez Ousmane Sonko, dînez régulièrement avec un ministre ou jouez au golf avec un haut magistrat du régime – les procédures sont nulles ou s’allègent mystérieusement. Les plaintes disparaissent comme par magie, les convocations s’égarent dans les couloirs du temps, et les procès sont repoussés aux calendes sénégalaises.

Justice express… mais sélective

Prenons deux exemples. Un activiste poste un tweet pour alerter : interpellé à l’aube, procès dans la foulée, et instruction ou jugement en mode fast-track.

À quelques kilomètres de là, un proche du pouvoir, accusé ou soupçonné d’avoir empoché plusieurs milliards CFA : ni garde à vue, ni bracelet électronique, ni même une convocation… 


« Au Sénégal, la justice ne dort pas, elle somnole du côté du pouvoir et fait des insomnies du côté de l’opposition. »

Un mal ancien… avec des habits neufs

Ce favoritisme judiciaire n’est pas né d’hier. Mais ce qui change, c’est la fréquence, l’audace, et la communication institutionnelle qui tente de faire passer les inquisitions politiques pour des actes de justice impartiale.

Le ministère de la Justice se défend : « Nos magistrats sont indépendants. Toute ressemblance entre calendrier politique et calendrier judiciaire est purement fortuite. »
Évidemment.

Conclusion : À quand une justice qui ne regarde pas l’étiquette ?

Tant que la justice sénégalaise continuera à jouer les caméléons – rouge pour les opposants, blanc pour les amis du régime –, la confiance des citoyens s’effritera. Et avec elle, l’idée même d’un État de droit.En attendant, la devise du jour reste :
“Si tu veux éviter la prison, choisis bien ton parti.”
Ou mieux, choisis ton silence.

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