Le Grand Chambardement Constitutionnel
Quand les accusations remplacent les preuves et que le confort personnel se déguise en réforme d’État
Décidément, nos dirigeants ont le chic pour nous servir du spectacle quand les Sénégalais attendent du concret. Voilà que notre Premier ministre, dans un élan digne des plus grands procureurs, accuse l’ancien régime d’avoir maquillé les chiffres comme une starlette refait son nez. Sauf que contrairement à ladite starlette, les preuves de cette chirurgie comptable brillent par leur absence.
Mais qu’à cela ne tienne ! Puisqu’on ne peut pas prouver ce qu’on avance, autant changer les règles du jeu. Et hop, voilà qu’on nous mijote une petite réforme constitutionnelle sur mesure. L’objectif ? Donner plus de pouvoir au Premier ministre. Pure coïncidence, bien sûr, que ce même Premier ministre soit celui qui réclame ces changements. Comme c’est commode !
Les Vraies Urgences Oubliées
Pendant que nos gouvernants jouent au Meccano institutionnel, les vrais problèmes du pays font la queue au portillon. Les jeunes Sénégalais, qui représentent plus de 60% de la population, continuent de se morfondre dans le chômage. Nos mères, sœurs et filles attendent toujours des politiques dignes de ce nom pour améliorer leur condition. La sécurité nationale ressemble à un gruyère et le pouvoir d’achat des ménages fond comme neige au soleil sahélien.
Mais non, l’urgence absolue, c’est de revoir la Constitution pour que Monsieur le Premier ministre puisse dormir sur ses deux oreilles. Parce qu’apparemment, diriger un gouvernement sans avoir tous les pouvoirs entre ses mains, c’est mission impossible. On se demande comment ont fait ses prédécesseurs…
L’Art de Se Compliquer la Vie
Cette manie de vouloir réformer les institutions à chaque changement de majorité frise le ridicule. Imaginez un peu : à chaque alternance, on remet tout à plat ? Demain, si PASTEF perd les élections, le nouveau pouvoir devra-t-il encore tout chambouler pour s’adapter aux petites habitudes du nouveau locataire de la Primature ?
C’est le syndrome du locataire qui refait la décoration de l’appartement qu’il loue. Sauf que là, l’appartement, c’est le Sénégal, et les frais de rénovation, c’est nous qui les payons.
La Solution Simple Qu’On N’Ose Pas Dire
Pourtant, la solution existe et elle est d’une simplicité biblique. Si l’actuel Président estime qu’il ne peut pas assumer pleinement ses fonctions – ce que sous-entendent ces velléités de réforme -, la Constitution lui offre une porte de sortie élégante : la démission.
Le Président de l’Assemblée nationale organiserait alors de nouvelles élections, comme prévu par nos textes fondamentaux. Et si PASTEF conserve vraiment la confiance des Sénégalais, qu’il nomme directement Ousmane Sonko à la magistrature suprême. Au moins, les choses seraient claires, et on éviterait ce grand théâtre de marionnettes constitutionnelles.
Le Vrai Débat
Car au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit : un homme qui veut le pouvoir mais refuse d’assumer le processus électoral qui y mène. Alors on bricole, on bidouille, on réforme. Tout plutôt que d’aller devant le peuple pour solliciter sa confiance directement.
Les Sénégalais méritent mieux que ces contorsions institutionnelles. Ils méritent des dirigeants qui s’attaquent aux vrais problèmes avec des solutions concrètes, pas des apprentis constitutionnalistes qui confondent réforme d’État et arrangements personnels.
En attendant, les jeunes continueront de chercher du travail, les femmes d’espérer une meilleure considération, et les familles de joindre les deux bouts. Mais au moins, notre Premier ministre dormira mieux. C’est déjà ça.
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