Sous L. S. Senghor : Le multipartisme limité (1974), une démocratie sous contrôle
Contexte :
En 1974, Léopold Sédar Senghor, alors unique président du Sénégal indépendant, opère un tournant politique en instaurant le multipartisme limité. Après 14 ans de parti unique (l’Union Progressiste Sénégalaise, UPS), il autorise trois courants politiques :
- Socialiste (son propre parti, rebaptisé PS)
- Libéral (représenté plus tard par le PDS d’Abdoulaye Wade)
- Marxiste-léniniste (pour “canaliser” la gauche radicale)
Pourquoi ce changement ?
- Éviter un régime trop autoritaire tout en contrôlant l’opposition.
- Répondre aux critiques internationales sur l’absence de pluralisme.
- Neutraliser les mouvements clandestins (comme le PAI, parti marxiste interdit).
Impact :
- Naissance du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) en 1974, première opposition légale.
- Un système toujours verrouillé : les partis doivent se déclarer dans l’un des trois courants, et Senghor garde la mainmise.
- Une transition pacifique mais incomplète vers la démocratie.
À retenir :
“Senghor a offert au Sénégal une ouverture politique calculée, évitant les dérives autoritaires de certains voisins, sans pour autant renoncer au pouvoir.”
Sous Abdou Diouf : La crise casamançaise, la guerre sans fin (1982-2000)
Contexte explosif
En décembre 1982, le Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC) lance ses premières attaques armées. Motif ? Cette riche région agricole, séparée géographiquement du Nord, dénonce son “abandon par Dakar”.
Deux stratégies, un échec
- La manière forte (1982-1991)
- Opérations militaires sanglantes (“Opération Fodé Kaba”)
- Bilan : massacres de civils, exodes massifs
- Résultat : radicalisation des indépendantistes
- Les accords de paix (1991-2000)
- Diouf négocie avec le chef rebelle Abbé Diamacoune
- Mais les “franges dures” du MFDC refusent tout compromis
Un héritage empoisonné
- 20 ans de conflit (le plus long d’Afrique de l’Ouest)
- 5 000 morts officiels (3 fois plus selon les ONG locales)
- Une région toujours sous tension aujourd’hui
Sous Abdoulaye Wade : La réforme constitutionnelle de 2008, l’erreur historique
Le coup de force institutionnel
En 2008, Wade modifie subtilement la Constitution pour :
– Supprimer la limitation à 2 mandats (art. 27)
– Instaurer un ticket présidentiel (pour préparer la succession par son fils Karim)
La révolte citoyenne
- Naissance du Mouvement du 23 juin (M23) mené par des intellectuels et artistes
- Slogan choc : “Touche pas à ma Constitution !”
- Répression violente : 3 morts lors des manifestations
Conséquences politiques
– Wade parvient à se représenter en 2012…
– … mais perd face à Macky Sall dans un climat de défiance généralisée
Citation marquante
“Un président ne part pas après deux mandats, il part quand le peuple le veut”
(Abdoulaye Wade, 2010 – déclaration qui scandalise l’opposition)
Sous Macky Sall : COVID-19, entre succès sanitaire et scandales vaccinaux (2020-2022)
Les mesures chocs
Dès mars 2020, Macky Sall décrète :
– Couvre-feu (20h-5h) pendant 18 mois
– Fermeture des frontières aériennes (6 mois)
– Plan de riposte de 1000 milliards FCFA
Les paradoxes
– Bilan sanitaire positif :
- Taux de mortalité parmi les plus bas d’Afrique (0,7%)
- 70% de vaccinés en 2022 (record ouest-africain)
Les zones d’ombre :
- Contrats “Covid-19 Business” : surfacturation des kits de test
- Vaccins périmés achetés à prix d’or (500 millions FCFA perdus)
- Cagnotte COVID détournée ? (enquête toujours en cours)
Citation révélatrice
“Nous avons choisi de sauver des vies plutôt que l’économie”
(Macky Sall, avril 2020 – alors que le PIB chutait de 4,5%)