Ousmane Diagne : Le Bon Flic Devenu Shérif de la Répression
Le gardien de la loi devenu gardien du temple pastefien
Il fut un temps, pas si lointain, où le nom d’Ousmane Diagne résonnait dans les couloirs judiciaires comme celui d’un incorruptible. Un magistrat à la colonne vertébrale en acier trempé, disait-on, capable de résister aux vents mauvais de la politique sénégalaise. À plus de 60 printemps, le voilà bombardé ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Pastef. De gardien du droit à gardien des clés des geôles, il n’y avait qu’un pas… qu’il semble avoir allègrement franchi.
De l’intégrité à l’intérieur
Notre Saint-Just national, celui qui faisait trembler les puissants par sa droiture légendaire, se retrouve aujourd’hui à superviser des descentes policières dignes des meilleures heures de l’arbitraire. Lui qui jadis pesait chaque mot de ses réquisitoires à l’aune de la justice, semble désormais peser les opposants au régime sur la balance de l’opportunité politique.
Les mauvaises langues murmurent que notre magistrat aurait égaré sa boussole morale quelque part entre son bureau de procureur et les ors du ministère. D’autres, plus charitables, évoquent un homme dépassé par la machine Pastef, emporté dans un tourbillon dont il ne maîtrise plus les conséquences.
Les menottes changent de mains
Ironie du sort, celui qui faisait respecter la présomption d’innocence se retrouve à présider aux arrestations préventives. Les habitués du Palais de justice se frottent les yeux : est-ce bien le même Diagne qui signait des mandats de dépôt comme on distribue des cartes de visite ?
Un ancien collègue, qui préfère garder l’anonymat (comprenne qui pourra), nous confie : “J’ai du mal à reconnaître mon ancien confrère. C’est comme si quelqu’un avait remplacé sa bibliothèque juridique par le manuel du parfait petit soldat pastefien.”
Faustus en boubou
À l’heure où le Sénégal s’interroge sur sa trajectoire démocratique, le parcours d’Ousmane Diagne pose question. A-t-il, comme le Docteur Faustus de la légende, signé un pacte avec Méphisto pour un dernier tour de piste au sommet du pouvoir ? Les arrestations qui se multiplient semblent être le prix à payer pour ce dernier chapitre d’une carrière autrefois exemplaire.
En attendant, les cellules se remplissent et la réputation de l’ancien magistrat intègre se vide de sa substance. Dans les couloirs du ministère, on raconte que le vieux lion rugit encore parfois contre certaines directives, mais finit toujours par apposer sa griffe sur les documents qu’on lui présente.
Pour celui qui incarnait la loi dans toute sa rigueur, le crépuscule prend des allures de compromission. Et pendant ce temps, au Pastef, on se félicite d’avoir enrôlé sous sa bannière celui qui aurait dû être son garde-fou. Tragique épilogue pour un homme dont le nom rimait autrefois avec courage et intégrité.
Dieureudieuf (comme on dit désormais au ministère de l’Intérieur)
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