Waly le Coyote et son port en détresse : Quand Twitter remplace les grues
Au Port Autonome de Dakar, une révolution silencieuse est en cours. Depuis le 13 mai 2024, date de sa prise de fonction, Waly Diouf Bodian a découvert le secret de la gestion portuaire moderne : oublier les navires, ignorer les conteneurs, et se concentrer sur l’essentiel – déballer sur les réseaux sociaux.
Le directeur général le plus connecté d’Afrique
Pendant que les navires attendent au large et que les grues rouillent, notre héros national a trouvé sa vocation : devenir le community manager le plus actif du Sénégal. “Chaque minute passée par un Apèriste à la tête d’une structure est une prise de risque pour le projet”, tweete-t-il avec la sagesse d’un homme qui a visiblement du temps libre.
Car c’est bien connu, rien ne vaut une bonne bataille Twitter pour améliorer le trafic portuaire. Pourquoi s’embêter avec la logistique maritime quand on peut passer ses journées à déclencher “une salve de critiques” sur les réseaux sociaux ?
Un inspecteur des impôts à la conquête des océans
Ancien inspecteur principal des Impôts et des Domaines, Waly Diouf Bodian a apporté au port une expertise révolutionnaire : celle de quelqu’un qui n’y connaît strictement rien. Mais qu’à cela ne tienne ! Quand on maîtrise les codes fiscaux, on peut bien gérer quelques bateaux, non ?
Sa méthode de management ? Simple comme bonjour : des “licenciements massifs et des recrutements obscurs” tout en maintenant des “relations tendues, pour ne pas dire conflictuelles” avec les syndicats. Une approche moderne qui privilégie le conflit à la collaboration. Révolutionnaire !
Le justicier masqué des réseaux sociaux
Mais notre directeur portuaire ne se contente pas de gérer (ou plutôt de mal gérer) son port. Non ! Il s’est autoproclamé procureur général des réseaux sociaux. “Les propos de Badara Gadiaga méritent une auto-saisine du procureur de la République”, écrit-il religieusement sur Facebook, transformant chaque post en réquisitoire.
Qui a dit que les directeurs de port devaient s’occuper de logistique ? Waly le Coyote a redéfini le métier : désormais, un bon DG portuaire doit surtout savoir manier l’indignation sélective et les posts vengeurs.
L’homme qui voit des “délinquants milliardaires” partout
Dans sa dernière trouvaille, notre justicier des mers alerte : “Des délinquants milliardaires opposants ont pillé le pays et utilisent leurs ressources contre le régime”. Un diagnostic d’une finesse remarquable, livré depuis son bureau climatisé pendant que les dockers suent sous le soleil dakarois.
Car c’est bien là le génie de Waly le Coyote : transformer chaque problème portuaire en complot politique. Les grues tombent en panne ? C’est la faute des “Apèristes”. Les délais de déchargement s’allongent ? Encore un coup des “délinquants milliardaires”. Une approche managériale d’une modernité saisissante.
Le port qui coule pendant que le directeur tweete
Pendant ce temps, dans le monde réel, le Port Autonome de Dakar continue sa petite vie. Les travailleurs sont licenciés par centaines, les investisseurs étrangers observent avec perplexité ce spectacle, et les syndicats se demandent s’ils ont affaire à un directeur de port ou à un influenceur politique reconverti.
Mais rassurons-nous, Waly Diouf Bodian “a affirmé la volonté du Port de Dakar de se repositionner comme un hub stratégique régional”. Un hub Twitter, sans doute, vu la fréquence de ses interventions sur les réseaux sociaux.
La méthode Coyote : courir après ses ennemis plutôt qu’après les navires
À l’image de son homonyme de dessins animés, Waly le Coyote déploie une énergie considérable pour poursuivre ses obsessions. Mais au lieu de courir après Bip-Bip, il court après les anciens du régime Macky Sall avec la même efficacité redoutable : zéro résultat, maximum de bruit.
Il qualifie la société civile de “regroupement de politicards et de profitards encagoulés”, s’attaque aux journalistes, provoque les syndicalistes, et trouve encore le temps de donner des leçons de justice. Un vrai couteau suisse de la polémique !
Un port en free-fall, un directeur en free-style
Le plus beau dans cette histoire, c’est que pendant que Waly le Coyote développe son expertise de polémiste professionnel, le port continue de fonctionner… tant bien que mal. Comme quoi, les vrais professionnels sont peut-être ceux qu’il licencie à tour de bras.
Sa stratégie de communication ? Attaquer tout ce qui bouge et espérer que personne ne remarque les vrais problèmes. Une technique éprouvée que maîtrisent parfaitement tous les dirigeants qui préfèrent faire du bruit plutôt que du travail.
L’avenir radieux du port 2.0
Avec Waly Diouf Bodian aux commandes, le Port Autonome de Dakar s’oriente vers un modèle révolutionnaire : le premier port virtuel d’Afrique de l’Ouest. Pourquoi encombrer les quais avec des marchandises quand on peut les remplacer par des tweets bien sentis ?
Les armateurs du monde entier n’ont qu’à bien se tenir : désormais, pour faire escale à Dakar, il faudra d’abord passer l’examen idéologique sur les réseaux sociaux. Une innovation managériale qui fera sans doute école dans les business schools internationales.
En attendant, les Sénégalais peuvent être fiers : ils ont le directeur de port le plus connecté du continent. Dommage que les bateaux, eux, aient de plus en plus de mal à se connecter au quai.
Waly le Coyote continue sa course folle sur Twitter. Le Port Autonome de Dakar, lui, attend toujours qu’il revienne à la réalité.
Laisser un commentaire