Moustapha Diakhaté : le franc-tireur qui n’a jamais mâché sa République

Moustapha Diakhaté : le franc-tireur qui n’a jamais mâché sa République

Dans la grande ménagerie politique sénégalaise, certains caméléons changent de couleur selon le carrelage du palais. D’autres, plus souples que leurs convictions, oscillent entre opposition et pouvoir comme une girouette sous vent électoral. Et puis, il y a Moustapha Diakhaté, ce drôle d’animal politique qui a préféré garder sa colonne vertébrale plutôt que d’en faire une rampe pour ambitions ministérielles.

Ancien compagnon de route de Macky Sall — et pas n’importe lequel : président du groupe parlementaire BBY, chef de cabinet présidentiel, bref, le bon soldat de la majorité — Diakhaté aurait pu choisir la voie dorée des silences bien payés. Mais non. Le bougre a fait un choix radical : dire ce qu’il pense, même au risque de finir excommunié de la cour. Ce qu’il fut, sans délai, en 2020.

Le franc-parler comme sport de combat

Ce qu’on lui reproche ? D’avoir parlé trop vrai, trop souvent et surtout trop fort. Car dans les palais où le mensonge se fait protocolaire, la vérité devient un acte de rébellion. Moustapha, lui, n’a pas attendu la retraite pour se découvrir une conscience. Il l’a toujours portée en bandoulière, au risque de fâcher les puissants — et les permanents de la soupe.

Dans un système politique où la langue de bois est enseignée dès le premier congrès, Diakhaté a préféré le bois franc. Il a dénoncé :

  • Les arrestations ciblées et les libertés mises en cage au nom de la “stabilité républicaine”,
  • Le feuilleton tragico-comique du troisième mandat,
  • Et cette dérive monarchique où le pouvoir s’hérite plus qu’il ne se mérite.

Ni opposant de circonstance, ni courtisan recyclé

À ceux qui sautent d’un bord à l’autre en fonction des buffets, Moustapha Diakhaté oppose une loyauté rare : celle aux principes, pas aux princes.
Il n’a pas retourné sa veste, car il ne l’a jamais posée au vestiaire du pouvoir. Et s’il s’est éloigné du camp présidentiel, ce n’est pas pour aller vendre sa critique à la première opposition venue, mais parce que, tout simplement, le camp a viré de cap… sans prévenir.

Le peuple en bandoulière

Pas besoin de prompteur ni de PowerPoint pour ce tribun : il parle vrai, sec, sans emballage marketing, ce qui en fait un cas à part dans un monde politique saturé de communicants sans convictions. Son style brut de décoffrage dérange dans les salons, mais fait mouche dans les quartiers. Diakhaté n’est pas là pour séduire. Il est là pour avertir. Pour rappeler qu’une République ne se dirige pas comme une entreprise familiale.

Dernier des justes ou premier des exclus ?

Alors que le Sénégal tente d’écrire une nouvelle page, certains veulent le faire au crayon effaçable. Diakhaté, lui, reste cette encre indélébile, ce rappel salutaire que la politique sans éthique n’est qu’un théâtre d’ombres.

Conclusion :

Dans une classe politique où les convictions sont souvent louées à la journée, Moustapha Diakhaté est resté propriétaire de sa parole.
Pas besoin de poste ni de micro pour exister.
Il est l’épine dans le coussin moelleux des pouvoirs installés.
Il est la piqûre de rappel de la République qui grince.
Il est ce que peu osent encore être : un homme libre.

Et ça, ça mérite bien une garde à vue médiatique.

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