Les promesses en Pastef, la réalité en papier mâché
Le Sénégal nouveau est arrivé… mais l’ancien était mille fois mieux
Un an et des poussières après la grande révolution pastefienne, l’heure du premier bilan a sonné. Et quelle cacophonie ! Les promesses qui résonnaient comme du Beethoven aux oreilles des Sénégalais se sont transformées en berceuse pour endormir les plus crédules. La comparaison avec l’ancien régime, pourtant tant décrié, est désormais inévitable : ce qui semblait imparfait hier apparaît aujourd’hui comme un âge d’or de stabilité et de compétence.
L’arrogance au pouvoir : un Premier ministre et des ministres au-dessus de tout
Le spectacle offert par le Premier ministre et ses ministres laisse pantois. Leur arrogance dépasse l’entendement. Lors des séances à l’Assemblée nationale, leurs postures hautaines et leurs réponses condescendantes aux questions légitimes de l’opposition témoignent d’un mépris sans précédent pour le débat démocratique.
Un député de l’opposition, excédé après une énième rebuffade, confie : “Même au plus fort des tensions sous l’ancien régime, jamais nous n’avions vu un tel dédain pour la représentation nationale. Ils se comportent comme si le pays leur appartenait.”
Les ministres, quant à eux, paradent dans leurs luxueuses voitures de fonction tout en prêchant l’austérité. Leurs déplacements ressemblent davantage à des tournées triomphales qu’à des visites de travail, avec un goût prononcé pour les tapis rouges que même leurs prédécesseurs n’osaient pas réclamer.
La méritocratie façon Pastef : “Dites-moi qui vous connaissez”
On se souvient encore des discours enflammés sur la fin du népotisme et les appels à candidatures pour tous les postes. Les Sénégalais, naïfs qu’ils étaient, ont presque cru que leurs compétences allaient enfin compter plus que leurs carnets d’adresses. Puis est venue la grande distribution des postes, où, par un hasard absolument fortuit, les militants les plus bruyants du Pastef ainsi que les taupes de l’ancien régime se sont retrouvés aux commandes. Coïncidence, vous dit-on !
Un haut fonctionnaire, resté miraculeusement en poste, nous confie sous le sceau de l’anonymat : “Pour les recrutements, on a juste changé la couleur du tampon. Avant, il fallait la carte du parti au pouvoir, maintenant il faut un selfie avec un dignitaire du Pastef. La différence? L’ancien régime gardait au moins des compétences techniques; aujourd’hui l’incompétence arrogante est devenue un critère de sélection.”
La justice libre comme l’air (mais pas trop quand même)
La séparation des pouvoirs était le mantra du temps de l’opposition. Le Président et le ministre de l’Intérieur devaient sortir du Conseil supérieur de la magistrature, promis-juré-craché. Un an plus tard, nos deux compères y siègent toujours confortablement, trouvant finalement que cette position offre “une perspective intéressante sur le fonctionnement judiciaire.”
Pendant ce temps, les arrestations d’opposants se poursuivent avec une constance remarquable. Les dossiers, aussi solides que des châteaux de sable à marée montante, contiennent généralement plus de “on dit que” que de preuves tangibles. Mais qu’importe ! La rupture, c’est aussi innover dans l’art de recycler les vieilles pratiques, tout en les intensifiant.
L’économie miracle : la baguette magique est en rupture de stock
La baisse des prix des denrées de première nécessité a bien eu lieu – sur le papier et dans les discours. Sur les étals des marchés, c’est une autre histoire. “Les prix baissent virtuellement mais augmentent réellement”, philosophe une ménagère de Rufisque qui jongle avec son budget.
Quant à la campagne agricole, annoncée comme la plus ambitieuse de l’histoire du Sénégal, elle s’est soldée par un flop magistral que même les communicants les plus créatifs peinent à transformer en succès. Les mauvaises langues évoquent un ministre de l’Agriculture plus doué pour cultiver les réseaux sociaux que les champs.
Un économiste respecté, qui préfère garder l’anonymat de peur des représailles, est catégorique : “Sous l’ancien régime, malgré les critiques, nous avions au moins une vision économique cohérente et des partenariats internationaux solides. Aujourd’hui, c’est l’improvisation permanente portée par une arrogance qui fait fuir les investisseurs.”
Les caisses noires : un coup de peinture blanche
Les fameux “fonds politiques”, ces caisses noires tant décriées hier, ont simplement changé d’appellation. Rebaptisés “fonds secrets” ou “fonds stratégiques pour la souveraineté nationale”, ils continuent de financer des dépenses aussi transparentes qu’une nuit sans lune.
Un insider nous glisse : “La seule différence, c’est que l’ancien régime gardait une certaine retenue. Aujourd’hui, c’est l’opacité totale doublée d’une arrogance sans nom quand on ose poser des questions.”
ONAS et ASER : des scandales aux parfums familiers
Les scandales à l’ONAS (Office National de l’Assainissement) et à l’ASER (Agence Sénégalaise d’Électrification Rurale) attendent toujours leurs épilogue judiciaires. Les millions évaporés semblent avoir emprunté le même chemin que les promesses électorales – celui des limbes administratives où dormaient déjà les rapports sur les scandales du régime précédent.
À la différence près que lorsque des journalistes évoquent ces affaires, les militants de Pastef se déchaînent sur les réseaux sociaux avec un arsenal d’injures et d’attaques personnelles qui feraient rougir les plus aguerris des trolls. “Vendu”, “traître”, “nostalgique de la corruption” sont les qualificatifs les plus doux utilisés pour discréditer toute voix critique.
La liberté d’expression version 2.0
Quant aux journalistes et chroniqueurs, ils découvrent que critiquer le pouvoir est un sport nettement moins apprécié quand ce pouvoir s’appelle Pastef. Les utilisateurs des réseaux sociaux, jadis encouragés à s’exprimer librement, apprennent maintenant qu’un tweet peut valoir un séjour à l’ombre.
“Lorsque nous manquons d’arguments face à une critique légitime, nous passons à l’attaque personnelle”, confirme candidement un jeune militant de Pastef lors d’une conversation privée. “C’est plus efficace que de répondre sur le fond, et ça détourne l’attention des vrais problèmes.”
Un journaliste vétéran soupire : “Sous l’ancien régime, on pouvait encore débattre. Aujourd’hui, exprimer un désaccord, c’est s’exposer à une meute virtuelle prête à détruire votre réputation et parfois votre vie. L’ancien système, malgré ses défauts, était mille fois plus respectueux de la diversité d’opinions.”
Le fait d’armes : un bébé au palais
Le bilan le plus concret de cette première année serait, selon les mauvaises langues, la naissance d’un bébé au palais présidentiel et la multiplication des secondes épouses dans l’entourage du pouvoir. Une réussite démographique à défaut d’être économique.
Quand des citoyens s’interrogent sur cette situation, les militants du pouvoir répondent invariablement par des attaques ad hominem plutôt que par des arguments, accusant les questionneurs d’être “jaloux”, “frustrés dans leur vie personnelle” ou “obsédés”.
En attendant le prochain épisode de cette grande série politique sénégalaise, les citoyens nostalgiques se consolent en se remémorant un ancien régime qui, avec le recul et face à l’arrogance actuelle, semble avoir été un modèle de modération et d’efficacité. Comme le résume un chauffeur de taxi de Dakar : “Au moins, avant, s’ils s’avèrent qu’ils nous volaient, ils ne nous insultaient pas en même temps.”
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